Mireille Chicha |
Grâce à la douceur du
climat estival, on allait au cinéma au jardin public Magenta. Il y avait aussi
les promenades le long de la rue Saint-Paul, " les Champs Élysées "
Milianais.
Tous
les habitants déambulaient. Beaucoup s'attablaient aux terrasses des cafés
nombreux de chaque côté de la rue protégés par les branches des platanes qui
formaient une voûte verdoyante au-dessus de l'avenue. La ballade se terminait
en beauté à la " Pointe des Blagueurs", rendez-vous sacro-saint de tous
pour les discussions et les durs marchandages pour toutes les transactions.
Comme son nom l'indique, c'était un parapet terminé par une pointe dominant la
plaine de l'Ouarsenis. On y avait un panorama splendide
sur les jardins aux alentours de Margueritte et Zougala.
Le meilleur souvenir
reste le fameux "
Bal des Cerises". Eh oui, grâce aux magnifiques bigarreaux, tous
les ans, au mois de juin, toute la population de la région se déplaçait (y
compris les Algérois), pour les fêter au jardin public ou à la piscine
Saint-Antoine située au-dessus du parc. Son bassin était alimenté par l'eau
très fraîche qui descendait du Zaccar.
Des
bougainvilliers odorants l'entouraient. C'est dans ce lieu frais et embaumé que
j'ai appris à nager.
Le
samedi et le dimanche, il était possible de danser sur une immense
terrasse aménagée pour l'occasion avec les petites tables rondes et les chaises
de couleur verte. Toute la jeunesse s'y retrouvait au son des musiques des
années 1950-1960 que l'on dansait à deux. À cette époque, on n'allait pas en
boîte mais à la " sauterie à Saint-Antoine ".
Tout
le long des rues de la ville, l'eau qui descendait du Zaccar, chantait dans les
caniveaux. Quand il faisait très chaud, je me souviens avoir enlevé mes
chaussures pour y tremper mes pieds. Que c'était bon, cette eau pure et fraîche
en pleine ville!!!
Miliana
était aussi la ville des colonies de vacances pour beaucoup d'enfants de
la région. Souvent la fameuse rue Saint-Paul résonnait de leurs chants joyeux.
Pendant
nos nombreux séjours à MILIANA, mon père, ma mère, mon frère et moi vivions
dans la maison de ma grand-mère paternelle. À cette époque, le réfrigérateur
n'existait pas encore. Les aliments étaient conservés dans l'endroit le plus
frais de la maison, en l'occurrence une soupente sous l'escalier menant à la
porte d'entrée. Les fruits et les légumes étaient rafraîchis à l'eau courant de
la fontaine. Comme il n'y avait pas de baignoire, la toilette quotidienne se
faisait sous le jet d'un tuyau relié au robinet d'eau froide (pas de mélangeur
eau chaude/eau froide) dans la fontaine ayant la forme d'un petit bassin.
En 1974, je suis
retournée à Alger et à Miliana. J'ai revu tous les
endroits que j'ai connus avant 1962. J'ai éprouvé beaucoup de peine devant tout
ce gâchis.
Maintenant,
au fur et à mesure des années qui passent, mes souvenirs se mélangent mais ils
sont toujours aussi vivaces. Une constatation s'est imposée à moi avec une très
grande acuité: l'Algérie me colle à la peau et cela durera jusqu'à la fin de ma
vie. La douceur de vivre est à jamais perdue. Je me souviens des vacances
passées à Miliana. Pour l'enfant que j'étais, elle représentait le paradis sur
terre. Chaque année, j'attendais avec impatience les vacances et les fêtes, des
moments heureux qui me procurent encore, par la pensée, beaucoup de bonheur.
Grâce
à la douceur du climat estival, on allait au cinéma au jardin public Magenta.
Il y avait aussi les promenades le long de la rue Saint-Paul, " les Champs
Élysées " Milianais. - Mireille Chicha
1 commentaire:
https://safiabz.blogspot.com/2016/04/ode-miliana.html
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